C’est dans sa fascination pour le corps, que Robert Mapplethorpe cherchera un exutoire à sa quête de l’esthétique parfaite. Souvent morcelé, toujours magnifié, le corps est au centre de beaucoup de ses clichés à la composition infaillible. Ce n’est pas un hasard si, en marge de l'événement au Grand Palais, une autre exposition met actuellement en miroir ses œuvres avec celles de Rodin... « La photographie est une façon rapide de créer une sculpture » : Mapplethorpe se pose avant tout en artiste, un sculpteur d’images emporté par le sida en 1989, à l’âge de 43 ans.
Cette fin précoce nous est narrée au commencement. L’autoportrait à la tête de mort, l’un des derniers du photographe américain, ouvre cette rétrospective, conçue selon un ordre chronologique inversé. Suivent près de 250 œuvres - gros plans de fleurs, scènes sadomasochistes, détails anatomiques - qui constituent autant d’appels à la jouissance. La part belle est aussi faite aux portraits. Ses muses d’abord, qui se font face. D’un côté, Patti Smith, complice de toujours et moteur intellectuel. De l’autre, Lisa Lyon, championne du monde de bodybuilding, dont le corps hors-normes a servi d’objet d’étude à Mapplethorpe. Plus loin, dans une sorte de mosaïque de portraits agencée autour de la figure d’Andy Warhol, on reconnait les protagonistes de la scène arty new-yorkaise des années 1970/80. Des artistes, des écrivains, des acteurs, qui ont tous contribué à l’effusion créative de l’époque, dont Mapplethorpe faisait également partie.
C’est d’ailleurs par des instantanés de sa vie new-yorkaise que se clôt cette exposition. Des clichés annonciateurs qui prédisent déjà le parti-pris de leur auteur, quelque part entre un hédonisme soigné et l’apologie du beau.
Robert Mapplethorpe - du 26 mars au j13 juillet 2014 - Grand Palais, Galerie sud-est - 3 Avenue du Général Eisenhower, Paris 8e – M° Champs-Elysées Clémenceau
Texte : Quitterie Vallet