Le parti pris de l’exposition consacrée à Erwin Blumenfeld, connu pour ses photographies de mode, est de rendre compte des multiples facettes du travail de ce juif allemand des plus new-yorkais qui a investi avec humour et inventivité la photographie mais aussi le dessin et le photomontage.
Chaque salle renferme des pépites. Dans celle dédiée au portrait, les visages en plan serré de stars côtoient ceux de vielles femmes capturés dans une maison de retraite juive; les traits juvéniles d'une jeune femme sont superposés à ceux d'un crâne créant un effet déconcertant… Dans la pièce remplie de nus, les corps se font abstraits, se réduisant à une ligne, et puis, au détour d’un mur, le modèle de Rodin pour Le baiser, marquée par les ans, vous regarde. On passe ensuite à des photographies d’architecture où la fameuse cathédrale de Rouen, peinte 32 fois par Monet, devient graphique. En face, une série de portraits d’Hitler. Nous sommes en 1933. Erwin Blumenfeld affuble le führer d'une tête de veau. Et de larmes de sang. Enfin, dans la dernière salle seulement, vient la grâce des étoffes, rafraîchissante.
Le parcours muséal du Jeu de Paume offre toute une palette d’émotions.
Erwin Blumenfeld, 15 octobre - 26 janvier 2014, Jeu de Paume, 1 place de la concorde - 75008 - Paris, Métro : Concorde.
Texte : Victoire Chapellier